Le greewashing dans l’industrie lainière

Le greenwashing, ou éco-blanchiment, est une pratique commerciale consistant à promouvoir des produits ou services en les présentant comme écologiques ou durables, alors qu’en réalité, ils ne le sont pas ou le sont très peu. Dans l’industrie textile de la laine, le greenwashing est une pratique courante qui peut tromper les consommateurs sur l’impact environnemental réel de la production de vêtements en laine.

La laine “bio”

 

L’un des problèmes les plus courants est l’utilisation de la “laine bio”, une laine qui prétend être produite de manière écologique et respectueuse de l’environnement. Cependant, cette appellation n’est pas réglementée, ce qui signifie que n’importe quel producteur peut utiliser le terme “bio” sans être tenu de respecter des normes strictes. Ainsi, il est important de vérifier les certifications d’un producteur avant d’acheter un produit en laine bio.

Contrairement à d’autres secteurs de l’industrie textile tels que le coton bio, il n’existe pas de label de laine bio reconnu au niveau international. Cela est principalement dû au fait que la production de laine implique des animaux, ce qui complique la mise en place de normes et de règlementations cohérentes et universelles.

Cependant, certains producteurs de laine peuvent obtenir des certifications pour leurs pratiques écologiques, telles que la certification GOTS (Global Organic Textile Standard) ou la certification Woolmark. Ces certifications exigent que les producteurs respectent des normes strictes en matière d’agriculture biologique, de bien-être animal et de protection de l’environnement.

Il est également important de noter que certains éleveurs de moutons peuvent utiliser des pratiques durables et respectueuses de l’environnement sans pour autant obtenir de certification bio. Ces éleveurs peuvent utiliser des méthodes traditionnelles de gestion des pâturages et des animaux, évitant ainsi l’utilisation d’engrais chimiques ou de pesticides. C’est le cas de la Filature de Chantemerle, qui produit et sélectionne ses laines avec soin.

 

Les teintures “naturelles”

 

De nombreux producteurs de laine prétendent utiliser des teintures naturelles, mais cela peut également être trompeur. Les teintures naturelles peuvent être plus respectueuses de l’environnement que les teintures synthétiques, mais cela dépend de la source des teintures et de la manière dont elles sont produites. Certaines teintures naturelles peuvent être très polluantes si elles sont produites de manière non durable. Par conséquent, il est important de vérifier la source et la certification des teintures utilisées dans la production de vêtements en laine. Nous utilisons principalement les couleurs naturelles des laines européennes que nous utilisons. Les couleurs imprimées sur nos tissus mérinos sont produites et transformés dans nos jardins.

En outre, certaines marques de laine peuvent prétendre que leurs produits sont fabriqués à partir de laine recyclée ou de laine de haute qualité, mais en réalité, ces affirmations peuvent être trompeuses. La laine recyclée est en effet une alternative écologique à la production de laine, mais si la laine recyclée est de mauvaise qualité, elle ne peut pas être utilisée pour produire des vêtements de haute qualité. De plus, la laine de haute qualité peut être produite de manière plus durable, mais cela dépend du producteur et de ses pratiques de production.

Enfin, il est important de noter que certains producteurs de laine peuvent prétendre que leurs produits sont durables ou éthiques, mais en réalité, cela peut ne pas être le cas. Les conditions de travail dans les usines de production de laine peuvent être très difficiles pour les travailleurs, avec de longues heures de travail et des salaires très bas. Les animaux peuvent également être maltraités dans certains élevages de moutons, ce qui est contraire aux principes de l’éthique animale.

La Filature de Chantemerle Longomaï est soucieuse, depuis 1976, de cultiver des pratiques et des modes de production éthiques, politiques et écologiques. Nous nous engageons, en tant que groupe de passionnés, fabricants et éleveurs, à vous proposer les meilleurs produits possibles.

La transhumance : le troupeau de brebis mérinos en route vers la Provence

Comme chaque année, le troupeau de brebis mérinos descend de l’alpage et rejoint les plaines de la Crau, puis la bergerie des Alpes-de-Haute-Provence. Avec deux autres éleveurs, c’est près de 800 brebis qui vous fouler les chemins et les routes, de Briançon au lac de Serre-Ponçon, en allant vers Gap. Une demi-douzaine de bergers et autant de chiens de troupeaux, des ânes bâtés font partie du convoi pendant  presque 3 semaines : Le Casset, Chantemerle, Puy Saint-André, Les Vigneaux, Lac Rama, Saint-Clément, Châteauroux-les-Alpes, Clôt Bouffier, Saint Appolinaire, Forest du Suret, Col de Moissière, Les Jassauds, La Garde de Coréo, La Roche des Arnauds, Sigoyer, Les Combes, Les Iris, Rourebau, Ribiers, Bevons, Jas de Madame, Jas Neuf, Clôt de Melly.

 

Laines militantes : la revue Silence parle encore de nous !

Après son article sur les Coopératives de Longo Maï en 2017, la revue S!lence, le plus ancien des mensuels écologistes français, donne aujourd’hui un petit coup de pouce au site de la filature dans son édition du mois d’avril 2021. Ses lecteurs, qui partagent une sensibilité écologiste, alternative, altermondialiste et non-violente aura donc l’occasion de visiter notre boutique en ligne, et nous l’espérons de la soutenir. Merci à eux !

Retrouver le sommaire du numéro consacré aux alternatives dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence

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extrait de la revue Silence qui parle de la filature longomai

 

 

 

 

Click and collect à la filature de Chantemerle

La fermeture du magasin de vente de vêtements de laine de la Filature de Chantemerle, pendant la période hivernale, à quelques semaines de Noël, aurait bien pu mettre à mal la petite entreprise atypique de la vallée de la Guisane. Heureusement, à la filature, on a une turbine hydroélectrique et des idées : notre nouveau site internet, lancé en novembre 2020, permet aux habitants de la région de venir retirer leur colis en point de retrait.

Le click and collect : comment ça marche ?

Le click and collect est un des nouveaux services proposé aux consommateurs connectés. Appelé aussi “check and reserve” ou “click and pick up”, ce mode de vente permet de réserver ou de commander des produits en ligne avant de les retirer directement dans une boutique. Créé au début des années 2000, ce système a été popularisé pendant le confinement, pour permettre aux boutiques de produits non essentiels de pouvoir continuer leur activité commerciale.

Nous avons entièrement rénové notre site web cette année : il est maintenant possible de payer en ligne. Nous avons également augmenté l’offre des produits disponible sur le site de e-commerce. C’est donc tout naturellement que nous avons mis en place le click and collect sur notre boutique en ligne. Il existe pour le moment deux points de collecte : le marché de Forcalquier et la boutique d’usine de la Filature de Chantemerle. À part le touché des matières et l’odeur de la laine, il ne manque rien.

Vous pouvez donc désormais consulter la boutique, passer votre commande et passer retirer vos produits dans le plus strict respect des règles sanitaires en vigueur. Sur rendez-vous.

Un projet de grande ampleur dans le Briançonnais

Pour faire face à la détresse des commerces du Briançonnais pendant la période du confinement et la fermeture des boutiques de produits non essentiels, la communauté de commune du Briançonnais a voulu offrir à ses commerçants la possibilité du click and collect.

Le choix du prestataire de service est une entreprise du cac40, Wynd qui lance Mon commerçant chez moi. Cette initiative, payée par les contribuables, permet à certains de survivre en cette fin d’année.

D’autres producteurs ont choisi de s’organiser localement, et quant à nous, notre site est prêt pour le click and collect : quand on peut s’organiser au niveau local, en indépendance, pourquoi s’en priver ?

La transhumance : marcher à contre-courant

 

Chaque année, en octobre, quand l’herbe vient à manquer dans les alpages, que le gel et la neige commencent à s’installer, il est temps pour les troupeaux de descendre des cimes vers les collines ou les plaines. Pendant trois semaines nous partons à sept bergères et bergers avec nos sept chiens de conduite, deux chiens de protection et nos fidèles ânes en aven­ture pour descendre notre troupeau de 500 brebis et agneaux de l’alpage (près de notre Filature) vers le sud à travers la pluie, la neige et les rayons du soleil. Nous descendons lente­ment pour que les brebis s’adaptent au changement de nourriture. Nous accordons une importance particulière au respect des pratiques anciennes du pastoralisme, à la notion du temps, aux relations avec la population locale.

Une route si souvent parcourue car la vallée de la Durance relie nos coopé­ratives, de la Filature à Chantemerle, en passant par Longo maï à Limans et la Cabrery, jusqu’au Mas de Gra­nier. Nous traversons des paysages magnifiques mais malheureusement, trop souvent, un nouveau chantier nous barre la route ici et là. Tous sont dédiés au tourisme alors que les villages dans la vallée sont vides hors saison. Ainsi avons-nous voulu cette année donner la parole aux habitants de la Haute Vallée de la Durance qui se mobilisent pour préserver leurs territoires grâce au studio mobile de Radio Zinzine, créée par Longo maï en 1981.

À Briançon, les habitants ont pu expliquer le quotidien de leur ville frontalière, traversée chaque jour par des réfugiés arrivant de l’Italie voi­sine. Ceux-ci risquent leur vie dans le désert, par la mer ou la montagne pour chercher un refuge dans cette ville située près du poste frontière de Montgenèvre. La solidarité avec les migrants est une évidence pour les gens qui les accueillent et ils l’affirment par une aide au quotidien.

À la Roche de Rame nous avons rencontré les opposants à la construc­tion d’une ligne à Très Haute Tension de Gap à Briançon. Par l’installation de pylônes, cette «autoroute énergétique», présumée nocive pour la faune et la flore, contribue à la destruction des plus beaux endroits de haute et moyenne montagne. Enfin, le troisième plateau radio a permis à des éleveurs et jeunes agriculteurs de revenir sur les conséquences des modifications des politiques agricoles, qui rendent difficiles l’installation en agriculture à petite échelle et la survie des pratiques pastorales.

Cette aventure s’est déroulée avec succès grâce aux nombreux amis qui nous ont accueillis, nous et notre trou­peau, tout au long de notre route. À l’arrivée dans la coopérative à Limans, un apéritif très convivial attendait les bergères et les bergers, tandis que les brebis retrouvaient leurs prairies natales.

Max et Ulli

Cet article a été initialement publié dans les Nouvelles de Longo Maï

 

La filature de Longo Maï : une usine autogérée depuis 1976

Voici quelques extraits du livre de Luc Villette, publié en 1993 : Longo Maï, Vingt ans d’utopie communautaire.

« Chantemerle est la quatrième coopérative de Longo Maï en France. C’est en 1976 que le mouvement a racheté cette vieille filature abandonnée depuis 1968. Située à quelques kilomètres de Briançon, en plein milieu de la station de sports d’hiver de Serre-Chevalier, la filature de Longo Maï est perdue au bord de la Guisane, moitié torrent moitié rivière, qui, par l’intermédiaire d’une turbine, lui fournit toute l’électricité nécessaire… sauf ralentissements catastrophiques en cas de gel. C’est l’ancien propriétaire qui, tout heureux de voir sa filature revivre, leur a appris le métier. Ils ont racheté des machines d’occasion, bricolé, amélioré et, aujourd’hui, la filature tourne. “Il y a du travail pour vingt personnes, m’explique Isabelle, mais nous sommes ici une quinzaine en permanence, plus les lycéens. (C’est en effet au lycée de Briançon que vont les adolescents de Longo Maï, après le CES de Forcalquier.) Chaque année, on traite à Chantemerle 10 tonnes de laine brute en provenance des troupeaux de Limans, de la Crau et de l’Ardèche. Mais les moutons de Longo Mai fournissent moins du quart. De nombreux éleveurs vendent leur laine à Chantemerle. Un kilo de laine fournit 400 grammes de fil à tricoter.

L’usine de Chantemerle organise d’ailleurs des visites guidées plusieurs fois par semaine pour les vacanciers, les élèves des classes de neige, les touristes intéressés. Sur tous les murs, de grandes affiches, « Libérez Otelo de Carvalho », « Non à l’apartheid », marquent clairement la couleur de la laine. Au bureau de vente, à côté des pulls ou des chaussettes, on trouve toute la littérature de Longo Mai, les disques et les cassettes de Comedia Mundi…

La visite est passionnante. Eva et Luthie vous font découvrir toutes les opérations successives depuis l’arrivée des toisons fraichement tondues, sales et puant le suint : triage, lavage, rinçage, essorage, séchage occupent le premier niveau. A l’étage au-dessus, on procède au cardage, puis au filage de la laine.On peut alors tisser et enfin tricoter. A force d’améliorations (les premières années, le lavage se faisait à l’eau froide et le séchage sur le sol !), Chantemerle augmente régulièrement sa production. Celle-ci est écoulée essentiellement au bureau de vente de la coopérative, sur les marchés et par vente directe. Pour les six premiers mois de 1992, le chiffre d’affaires des ventes s’est. élevé à 500 000 francs mais la marge de progression reste forte.

Chantemerle possède aussi, dans une grande salle donnant sur la Guisane une magnifique table de bois impossible à sortir, car fabriquée à l’intérieur. « Comme ça, si un huissier se pointe, il l’aura dans le cul. » C’est l’une des ambiances les plus chaleureuses de toutes les coopératives longomaiennes, où pourtant cette denrée ne fait pas défaut. Je comprends que tous ceux qui ont passé plusieurs mois là-bas – et presque tous l’ont fait – en gardent un souvenir émerveillé. En plus, ils ont Radio Zinzine qui émet jusque dans les Hautes-Alpes. Les rapports avec les autorités locales sont d’ailleurs bons. Une pancarte très officiellement municipale indique, depuis la route nationale, « Filature de Longo Mai ». Le Dauphiné libéré lui-même rend compte avec enthousiasme d’une journée portes ouvertes à Chantemerle : « Ces journées soulignent l’immensité de la tâche accomplie par les jeunes de Longo Mai. Avec ce matériel d’antan, c’est un merveilleux univers qui s’ouvre à des centaines de visiteurs. »

 

 

Histoire d’eau : rénovation de la turbine de la filature

De tout temps la force de l’eau fut utilisée pour l’activité de l’homme et l’histoire de la filature de Chantemerle le confirme à nouveau.

Durant des siècles, la filature fut aussi un moulin. Ses bâtiments renferment encore aujourd’hui des meules qui témoignent de ce passé. meule à farine retrouvé dans les anciennes caves de la filature de chantemerleEn se plongeant dans les archives départementales, on a retrouvé la trace d’un foulon datant de 1662. Celui-ci nécessitait la force hydraulique pour feutrer les draps de laine que l’on tissait à la main dans les chaumières du village. Plus tard, vers 1860, ce foulon influença la transition entre l’activité meunière et la filature. En effet, les propriétaires de l’époque voulurent accroître leur activité textile pour travailler la laine de la région.
Ils s’équipèrent alors d’une carderie et d’une mule-jenny, et du premier métier à filer industriel, une série de rouets alignés les uns à la suite des autres, à l’époque une géniale invention technique. Puis se succédèrent de nouvelles machine à filer plus modernes et toujours entrainées par l’énergie de l’eau. De nouveau l’énergie hydraulique favorisa cette entreprise et celle-ci comme bien d’autres participa à l’essor manufacturier de la vallée de la Guisane.

 

Au fil du temps

 

Maîtriser cette énergie fut pour nous aussi une motivation importante et, à notre arrivée à Chantemerle près de Briançon (Hautes-Alpes) en 1976, la mairie de St Chaffrey nous donna des pièces de bois de mélèze afin de restaurer le seuil dans la rivière afin de réacheminer l’eau dans le canal.

Ensuite à l’aide de pelles et de seaux il fallut nettoyer le canal et désensabler la turbine. Celle-ci datait de 1902 et entraînait encore les machines en prise directe par l’intermédiaire d’engrenages en bois, de poulies et de courroies en cuir. En 1979, après trois ans de service, cette installation s’avérant vétuste et bien trop dangereuse, on opta pour son remplacement par une machine plus récente qui fournit de l’électricité. Après bien des recherches, un technicien nous conseilla un ensemble turbine et générateur correspondant au débit et à la hauteur d’eau de notre site. On est allé le démonter à Lavelanet en Ariège, ville où malheureusement beaucoup d’usines textiles étaient désaffectées.

 

Au rythme de la Guisane

 

Dévier l’eau de la rivière dans un canal et produire sa propre électricité représentent toujours un défi passionnant, mais c’est aussi une attention quotidienne. Il faut surveiller la propreté de l’eau et s’arrêter lorsque le torrent devient tumultueux et se met en crue, lors de la fonte des neiges par exemple, car alors les sédiments qu’il charrie ensableraient la turbine.

Parfois une baisse d’intensité de la lumière suffit à nous indiquer que la rivière emporte les feuilles mortes des berges et que celles-ci obstruent la grille d’entrée d’eau du canal. Ainsi avec un peu d’expérience on vit au rythme des humeurs de la Guisane.

Malgré cela, la turbine apporte un gain considérable à l’économie de la filature. En plus de l’énergie motrice elle fournit le chauffage de l’atelier l’hiver et l’eau chaude pour laver la laine en été. Il nous restera de l’imperfection de l’ancienne installation le fait d’être toujours attentifs aux éléments.

Aujourd’hui après 40 ans l’installation est devenue obsolète. Grâce au soutien de nos nombreuses ami-e-s nous pourrons la repenser entièrement. Rénovation du machinisme, mise aux normes du droit d’eau que nous conservons, et la connexion au réseau qui nous permettra de vendre de l’électricité. Tout cela fera une base solide pour la prochaine génération en espérant qu’elle continuera de transformer la laine des Alpes, une activité essentielle pour ne pas perdre le contact avec la nature.

Christophe

 

Cet article a été initialement publié dans les Nouvelles de Longo Maï